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bientôt l’existence de ces charniers. On dut au plus vite dégager des issues aux deux extrémités basses, pratiquer à la partie supérieure des orifices qui servirent de cheminées, répandre des matières incendiaires et désinfectantes, comme le goudron, et mettre le feu. La combustion dura plusieurs jours. Mais l’incinération fut incomplète, et quand ces chaudières furent découvertes on trouva les chairs réduites à l’état de bouillie.

L’incinération se pratiquait également aux buttes Chaumont. On voyait des colonnes de fumées s’élevant au milieu des massifs. C’étaient les corps des fédérés, entassés en piles énormes, qu’on brûlait après les avoir inondés de pétrole. Quelques hommes allaient et venaient, attisant le feu. Le parc resta longtemps fermé.

Longtemps encore, des drames mystérieux se passèrent au bois de Boulogne. Dans les premiers jours de juin un journal publia la note suivante :

« Le bois de Boulogne est entièrement interdit à la circulation. Il est défendu d’y entrer à moins d’être accompagné d’un peloton de soldats — et encore bien plus d’en sortir.

» C’est au bois de Boulogne que seront exé-