Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/243

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Le membre de la Commune Trinquet, cordonnier de son état, fut arrêté à Belleville avec sa femme qui l’avait courageusement suivi sur le champ de bataille. Naturellement, les journaux n’eurent pas assez d’invectives à l’endroit de ce cordonnier et de cette pétroleuse[1].

Un autre membre de la Commune, Courbet, fut arrêté dans son domicile, rue Hautefeuille.

M. Dumas fils célébra ainsi cette prise :

« De quel accouplement fabuleux d’une limace et d’un paon, de quelles antithèses génésiaques, de quel suintement sébacé peut avoir été générée, par exemple, cette chose qu’on appelle monsieur Gustave Courbet ? Sous quelle cloche, à l’aide de quel fumier, par suite de quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d’œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique, incarnation du Moi imbécile et impuissant ? »

  1. On sait quelle fut au procès de Versailles l’attitude noble et énergique de cet ouvrier intelligent modeste et résolu. Trinquet, pour toute défense, revendiqua sa part de responsabilité dans tous les actes de la Commune et n’exprima qu’un regret, celui de n’avoir pas été tué, afin de ne pas assister aux défaillances de beaucoup de ses co-accusés. C’est un tel homme que les Versaillais ont cru déshonorer en l’envoyant au bagne de Toulon !