Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/27

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des bouches à feu, et se voyait aussi peu obéi qu’il obéissait peu à la guerre. Croirait-on que ni Cluseret, ni Rossel, ni Delescluze ne purent centraliser les pièces d’artillerie ni même en obtenir le relevé exact. Telle légion prétendait conserver les siennes dans l’arrondissement. Dans des circonstances pressantes, il fut impossible, malgré les ordres formels de la guerre et même du Comité, d’obtenir de tel officier subalterne des pièces nécessaires au service des remparts ou de l’extérieur.

Le service de l’armement ne put même en deux mois fournir les chassepots ou de fusils à tabatière tous les hommes aux tranchées ou en expédition. Et cependant les Versaillais, quand ils désarmèrent Paris, saisirent 285,000 chassepots, 190,000 fusils à tabatière, 14,000 carabines Enfield — de quoi armer dix fois les bataillons de marche.

L’état-major continua les traditions du premier siège. Beaucoup d’officiers des bataillons de marche rachetaient par une grande bravoure leur insuffisance d’instruction militaire. Mais, sauf de très rares exceptions, les états-majors aux retroussis rouges, aux bottes brillantes, aux larges ceintures, aux multiples galons, traînant avec fracas des sabres vierges, ne firent bonne