Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/291

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Voilà ces journées de force et de carnage, la plus grande éclipse de civilisation qui, depuis les Césars, ait obscurci le monde. Ainsi Vitellius se rua dans Borne ; ainsi, par un mouvement tournant, il cerna ses adversaires ; même férocité dans le massacre des prisonniers, des femmes et des enfants ; mêmes brassardiers égorgeant à la suite du vainqueur. Mais au moins Vitellius ne parlait pas de civilisation.

Et de cette effroyable tragédie, quel enseignement la bourgeoisie victorieuse a-t-elle retiré ? Deux fois en vingt-deux ans elle a vu le peuple dans la rue, armé, terrible, contre une République et cette République prétendant ignorer ce qu’il voulait, l’ignorant peut-être et répondant deux fois : la mort. A-t-elle compris ? A-t-elle seulement entrevu une idée derrière cette force et, dans ces explosions périodiques, l’effort d’avénement d’un monde qui ne veut pas se soumettre et qui ne peut pas mourir ?

Loin de là. Mai 71 trouve la bourgeoisie fran-