Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/319

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mune, proclamaient, en fait, la République fédérative.

Les monstres ont failli réussir ; mais les amis de l’ordre siégeant à l’Assemblée nationale de Versailles, veillaient et ont heureusement déjoué ces coupables manœuvres.

Les républicains honnêtes rendent à la France des services bien précieux : Simon musèle l’instruction, Picard rétablit le timbre et le cautionnement de 25,000 fr. pour les journaux. J. Favre poursuit à l’étranger avec un zèle admirable jusqu’au dernier fugitif.

Les scélérats avaient décrété qu’aucun fonctionnaire ne recevrait un traitement dépassant six mille francs, même un général en chef ; bien plus, ils avaient été jusqu’à s’appliquer à eux-mêmes les effets de cette loi. C’était intolérable. Mais l’ordre est rétabli. Rassurez-vous, doux amis de l’ordre ; rentrez en France ; rentrez à Paris. Revenez, fidèles et savants capitaines, Lebœuf, de Failly, Fleury, Bazaines de tous grades ; venez participer à la pluie de décorations et de gros traitements que vous ayez si bien mérités.

Rentrez aussi, banquiers faiseurs d’affaires, cens à fortunes véreuses, joueurs de Bourse ; rentrez, les de Morny, les Mirés, les Robert-Macaire de tous genres ; rentrez, loyaux et honnêtes fournisseurs d’armée ; rentrez, comtesses, duchesses, cocotes de tous étages : rentrez tous ! L’ordre est rétabli !

Les scélérats avaient décrété la séparation de l’Église et de l’État, et l’éducation laïque et obligatoire. Horreur ! Tranquillisez-vous, princes de l’Église, pieux évêques et archevêques ! Les traitements de vingt, trente mille francs vous seront maintenus et augmentés. Rassurez-vous, pieux hommes de Dieu, cafards instituteurs de la jeunesse ; rassurez-vous aussi, braves gens de la campagne. Vous pourrez continuer à élever vos enfants, comme vous-mêmes, dans la plus crasseuse ignorance, pour en