Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/98

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dre, sous peine d’être passés par les armes. C’était un odieux mensonge ajouté à tant d’autres. Jamais à aucun moment de la lutte dans Paris, ni après la prise de Montmartre, ni après l’occupation de la rive gauche, c’est-à-dire quand la victoire était impossible aux fédérés, aucune proposition, aucune sommation de déposer les armes ne leur fut adressée directement ou indirectement. Beaucoup auraient peut-être renoncé à la lutte, s’ils eussent connu l’inutilité de toute résistance. Mais M. Thiers, comme Cavaignac en 48, voulut prolonger le combat. Cette bourgeoisie qui avait capitulé d’enthousiasme devant les Prussiens, tremblait de rage à la seule pensée de céder devant Paris. Elle avait livré d’un vote unanime la pudeur, la fortune et la terre françaises, elle était prête encore à faire à la Prusse toutes les concessions, mais traiter avec des Français, des prolétaires, mais abandonner ses privilèges, son droit d’exploitation de la France, — plutôt la mort. Que lui faisaient et le bombardement, et les incendies, et le sort des otages ? que lui faisait d’exposer Paris, en prolongeant le combat, à une destruction complète, pourvu que le boulevard du socialisme fut écrasé et la revendication du peuple étouffée pour longtemps ? Que lui importait de triompher sur des ruines, si sur ces ruines