Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/127

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beaux profits à l’agriculture, sera réduit au travail des champs, et de là un morcellement de la terre et une petite culture aussi préjudiciables à la puissance et à la civilisation du pays qu’à sa richesse.

Une nation agricole composée en majeure partie de petits cultivateurs ne peut ni verser dans le commerce intérieur des masses considérables de produits ni occasionner une forte demande d’objets fabriqués ; chacun y est à peu près borné à sa propre production comme à sa propre consommation. Sous un tel régime, un système complet de communications ne peut s’établir, et les avantages immenses qui en découlent sont interdits au pays.

De là nécessairement pour le pays faiblesse morale et matérielle, individuelle et politique. Le péril s’aggrave si des nations voisines suivent la voie opposée ; si elles avancent sous tous les rapports pendant que nous reculons, si, chez ces nations, la pensée d’un meilleur avenir exalte le courage et l’esprit d’entreprise des citoyens, pendant que, chez nous, le défaut d’espérance éteint de plus en plus l’intelligence et l’ardeur.

L’histoire offre même des exemples de nations entières qui ont péri, pour n’avoir pas su, en temps opportun, résoudre le grand problème d’assurer leur indépendance morale, économique et politique, par l’établissement de manufactures et par la constitution d’une classe puissante de manufacturiers et de commerçants[1].

  1. De même que le compositeur d’un opéra réunit dans l’ouverture les motifs les plus remarquables de son œuvre lyrique, List a condensé dans cette belle introduction les éléments essentiels de son Système national. Les observations auxquelles ce système peut donner lieu, trouveront mieux leur place dans les chapitres où les principes qui le constituent ont reçu leur développement. (H. R.)