Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/161

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elle qui développa l’exploitation du charbon de terre ; de là un cabotage considérable et une pêche active, ces deux bases de la puissance maritime, qui rendirent l’acte de navigation possible et fondèrent ainsi la suprématie navale du pays. Autour d’elle s’élevèrent toutes les autres branches de fabrication comme autour d’un tronc commun, et c’est ainsi qu’elle fut le principe de la grandeur industrielle, commerciale et maritime de l’Angleterre.

Cependant les autres branches d’industrie n’étaient point négligées. Déjà, sous la reine Elisabeth, l’importation des métaux, des cuirs ouvrés et d’une multitude d’autres objets fabriqués avait été interdite[1], en même temps que l’immigration de mineurs et de forgerons allemands avait été encouragée. Auparavant on achetait des navires anséates ou on faisait construire dans les ports de la Baltique ; Élisabeth, à l’aide de restrictions et d’encouragements, introduisit dans le pays l’art de la construction. Le bois nécessaire à cet effet s’importa des États du Nord-Est, ce qui accrut énormément les envois de l’Angleterre dans ces pays. On avait appris des Hollandais à pêcher le hareng, des Basques à pêcher la baleine, et l’on avait stimulé l’une et l’autre pêche au moyen de primes. Jacques Ier eut particulièrement à cœur le développement de la construction navale et des pêcheries. Quelque ridicules que puissent nous paraître les infatigables exhortations à manger du poisson que ce roi adressait à ses sujets, nous devons rendre cette justice qu’il avait compris de quoi dépendait l’avenir du peuple anglais. L’immigration des fabricants chassés de Belgique et de France par Philippe II et par Louis XIV ajouta immensément à l’habileté industrielle et au capital manufacturier de l’Angleterre. Elle leur doit ses fabriques de tissus de laine fins ; ses progrès dans la chapellerie, dans la verrerie, dans la papeterie, dans l’horlogerie, dans l’industrie du lin et dans cette de la soie, et une partie de ses usines métallurgiques ; toutes ces branches de travail,

  1. Anderson, année 1561.