Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/188

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eût été de même, si le Portugal avait conclu un traité de Méthuen avec la Hollande ou avec la France. Dans ces deux cas, sans doute, l’Angleterre eût bien touché quelque peu d’argent, mais seulement celui qu’elle aurait retiré de ses ventes de laines brutes. En un mot, l’industrie manufacturière, le commerce et la navigation des Anglais n’auraient pu, sans le traité de Methuen, prendre l’essor qu’ils ont pris.

Mais, quelque opinion qu’on ait des résultats du traité de Méthuen par rapport à l’Angleterre, il paraît du moins reconnu qu’en ce qui touche le Portugal ils n’ont pas été de nature à encourager les autres pays à sacrifier leur industrie manufacturière à la concurrence anglaise pour favoriser l’exportation de leurs produits agricoles. L’agriculture et les fabriques, le commerce et la navigation du Portugal, loin d’être ranimés par les rapports avec l’Angleterre, ne firent que décliner de plus en plus. Vainement Pombal essaya de les relever ; la concurrence anglaise rendit tous ses efforts impuissants. On ne doit pas méconnaître d’ailleurs, que, dans un pays tel que le Portugal, où tout le système social entravait le développement de l’agriculture et du commerce, la politique commerciale ne pouvait rien produire de satisfaisant. Le peu de bien que fit Pombal prouve, toutefois, combien un gouvernement animé de sollicitude pour l’industrie peut lui rendre de services, du moment où les obstacles qui tiennent à l’organisation sociale sont écartés.

On fit la même expérience en Espagne sous le gouvernement de Philippe V et de ses deux premiers successeurs. Quelque insuffisante que fût la protection qu’on accorda sous le règne des Bourbons à l’industrie nationale, et quelque mollesse qu’on mit dans l’exécution des lois de douane, toutes les branches d’industrie, toutes les provinces du royaume reçurent visiblement un remarquable élan[1] de l’importation

  1. Macpherson, Annales du commerce, années 1711 et 1774. — Des restrictions à l’importation des produits étrangers contribuèrent puissamment au développement des fabriques espagnoles. Jusque-là l’Espagne avait tiré d’Angleterre les dix-neuf vingtièmes de sa consommation en articles fabri-