Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nération. Ajoutez que ces forces nouvelles, qui jusqu’à présent ont été particulièrement employées à la production, ne refuseront pas leurs services à la destruction, qu’elles servent à la défense des peuples en général, à celle des peuples de l’Europe continentale en particulier, menaçant d’enlever au Royaume-Uni les avantages défensifs de sa situation insulaire. Déjà, dans les congrès des grandes puissances, l’Europe possède l’embryon du futur congrès des nations. Dès aujourd’hui, la tendance à arranger au moyen de protocoles les différends entre les peuples prévaut sur celle de se faire justice par la force des armes. Des idées plus justes sur la richesse et sur l’industrie ont déjà convaincu les meilleurs esprits dans tous les pays civilisés, que la civilisation des peuples barbares, ou à demi barbares, de ceux qui ont rétrogradé, et la fondation de colonies offrent aux nations avancées, pour le développement de leurs forces productives, un champ qui promet des fruits infiniment plus abondants et plus assurés que la guerre ou que des restrictions commerciales hostiles. À mesure que cette conviction s’établira et que l’extension des moyens de transport ouvrira aux nations civilisées les pays qui ne le sont pas, ces nations comprendront de plus en plus que la civilisation des peuples barbares, des peuples déchirés par l’anarchie ou opprimés par de mauvais gouvernements, est une mission qui leur promet à toutes les mêmes avantages, une mission qui leur est commune à toutes et qui ne peut être accomplie qu’au moyen de l’association.

Que la civilisation de tous les peuples, que la culture de tout le globe soit la mission du genre humain, c’est ce qui ressort de ces lois inaltérables de la nature, en vertu desquelles les nations civilisées sont poussées par une force irrésistible à étendre leurs forces productives sur des pays d’une moindre culture. Partout, sous l’influence de la civilisation, nous voyons la population, les forces intellectuelles et les capitaux matériels s’accroître au point d’être obligés de refluer sur d’autres pays moins cultivés. Lorsque le sol ne suffit plus