Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/276

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donné par Adam Smith, pour expliquer les avantages de la division du travail, et que nous recherchions les causes de ce fait que dix personnes produisent infiniment plus d’aiguilles, lorsqu’elles sont réunies dans une fabrique, que si chacune d’elles exerçait séparément cette industrie, nous trouvons que le partage des opérations, sans l’association des forces productives dans un but commun, ne viendrait que fort peu en aide à cette production. Afin qu’un tel résultat puisse être obtenue il faut que les différents individus soient réunis et concourent à l’œuvre intellectuellement et corporellement. Celui qui fait les têtes d’aiguilles, doit compter sur le travail de celui qui fait les pointes, afin de n’être pas exposé à fabriquer inutilement des têtes. Une proportion convenable doit exister entre les diverses tâches, les ouvriers doivent être rapprochés les uns des autres le plus possible, leur coopération doit être assurée. Supposons par exemple que chacun de ces dix ouvriers habitât un pays différent ; combien de fois leur coopération ne serait-elle pas interrompue par la guerre, par les difficultés des communications, par les crises commerciales, etc. ! Combien le produit ne serait-il pas renchéri, et par conséquent l’avantage du partage des opérations diminué ! Un seul ouvrier se retirant ou se trouvant séparé de l’association n’arrêterait-il pas le travail de tous les autres ?

En signalant le partage des opérations comme le caractère essentiel de cette loi naturelle, l’école a eu tort de l’appliquer uniquement à une fabrique ou à une exploitation rurale ; elle n’a pas vu que la même loi étend son influence sur l’ensemble de l’industrie manufacturière et agricole, et en général sur toute l’économie de la nation.

De même que la fabrique d’aiguilles ne prospère que par la combinaison des forces productives des individus, une fabrique[1], quelle qu’elle soit, ne peut fleurir que par la

    ils le sont dans ce beau chapitre. Quant à la division du travail sur le globe, l’un des principaux arguments sur lesquels se fonde la liberté du commerce entre les nations, elle avait été mieux étudiée ; List, cependant, me paraît l’avoir définie plus nettement qu’aucun autre avant lui. (H. R.)

  1. L’industrie des machines fournit à l’appui de cette idée l’exemple le