Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/369

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fournissant les moyens d’entretenir un immense commerce extérieur, une vaste navigation, d’acquérir et d’exploiter une multitude de colonies, les manufactures ont augmenté dans la même proportion la demande des denrées alimentaires et des matières brutes, donné aux agriculteurs le désir et le moyen de satisfaire à cet accroissement de demande, élevé la valeur échangeable de leurs produits, et déterminé ainsi une augmentation proportionnelle, en quantité et en valeur échangeable, de la rente de la terre et de la valeur du sol. Détruisez ce capital manufacturier et commercial de 218 millions, et vous verrez disparaître non-seulement le revenu de 259 millions et demi qu’ils rapportent, mais encore la plus grande partie des 3 milliards 311 millions de capital agricole, et, par conséquent, du revenu de 539 millions que donne ce capital. Le revenu de l’Angleterre ne diminuera pas simplement de 259 millions et demi, valeur de la production manufacturière ; la valeur échangeable du sol baissera au taux où elle est en Pologne, c’est-à-dire au dixième ou au vingtième de son taux actuel.

Il suit de là que tout capital utilement employé dans les manufactures par la nation agricole décuple avec le temps la valeur du sol. L’expérience et la statistique confirment partout cette conclusion. Partout nous avons vu l’industrie manufacturière hausser rapidement la valeur des terres ainsi que celle du bétail. Que l’on compare cette valeur, pour la France en 1789 et en 1840, pour les États-Unis en 1820 et en 1830, pour l’Allemagne en 1830 et en 1840, c’est-à-dire dans un faible développement ou dans un vaste essor des manufactures, et l’on trouvera partout la justification de notre remarque.

Ce fait a pour cause l’accroissement de la force productive de la nation, accroissement qui lui-même est reflet d’une division rationnelle du travail et d’une association plus énergique des forces nationales, d’un meilleur emploi des forces morales et naturelles dont le pays dispose, du commerce étranger enfin.