Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/371

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avantageux pour l’agriculteur. Mais, si dès le commencement les bénéfices qui résultent de l’agrandissement du débouché et de l’accroissement de valeur des produits compensent largement l’inconvénient de la hausse de prix des produits fabriqués, cet état de choses, déjà si favorable pour l’agriculteur, s’améliore de plus en plus, puisque, avec le temps, la prospérité des fabriques tend a élever de plus en plus le prix des produits agricoles et à abaisser celui des produits manufacturés.

Le bien-être de l’agriculteur, du propriétaire foncier en particulier, est intéressé à ce que la valeur de son instrument ou de sa propriété se maintienne tout au moins. C’est la condition principale, non pas seulement de son bien-être, mais souvent de toute son existence matérielle. Il n’est pas rare, en effet, de voir l’agriculteur produire dans l’année plus qu’il ne consomme et n’être pas moins ruiné. C’est ce qui arrive lorsque le crédit est ébranlé, au moment où sa propriété est grevée d’hypothèques ; lorsque, d’une part, la demande d’argent surpasse l’offre, et que, de l’autre, l’offre des terres excède la demande. En pareils cas, le retrait général des sommes prêtées et l’offre générale des terres entraînent une dépréciation de la propriété foncière, et un grand nombre des cultivateurs les plus entreprenants, les plus habiles et les plus économes se ruinent, non parce que leur consommation a dépassé leur production, mais parce que leur instrument de travail ou leur propriété a perdu entre leurs mains, par des causes indépendantes de leur volonté, une notable partie de sa valeur, parce que leur crédit a été atteint et qu’enfin le montant des hypothèques dont leur propriété est grevée n’est plus en rapport avec la valeur de cette propriété en argent. De semblables crises ont plus d’une fois éclaté en Allemagne et aux États-Unis dans le cours du dernier siècle, et c’est ainsi qu’une grande partie de la noblesse allemande a perdu ses biens, sans comprendre qu’elle devait sa détresse à la politique de ses frères d’Angleterre, à ces tories aux si excellentes intentions.