Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/381

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fluence ; qu’à fertilité égale, la valeur de la propriété s’est accrue, non pas du double des frais de construction du moulin, mais de dix ou vingt fois ces frais, et que les propriétaires auraient eu déjà du bénéfice à construire eux-mêmes le moulin à frais communs pour en faire cadeau au meunier. C’est ce qui a lieu journellement dans les solitudes de l’Amérique du Nord ; là, quand les individus manquent du capital nécessaire pour achever entièrement à leurs frais ces ouvrages, les propriétaires concourent volontiers à leur exécution par des travaux manuels, par des charrois, par des fournitures de bois de construction, etc. C’est ce qui a lieu aussi, bien que sous une autre forme, dans les pays de culture ancienne ; nul doute que les privilèges des moulins banaux n’aient une semblable origine.

Il en est des scieries, des moulins à huile, des moulins à plâtre, des forges, comme des moulins à farine ; il est facile de prouver que la rente et la valeur du sol s’élèvent constamment, suivant que les propriétés sont plus rapprochées de ces usines et que celles-ci ont des rapports plus intimes avec l’agriculture.

Et pourquoi n’en serait-il pas de même des manufactures de laine, de lin, de chanvre, de papier et de coton, de toutes les fabrications en général ? Ne voyons-nous pas la rente et la valeur du sol augmenter partout à proportion que la propriété est plus près de la ville, et que la ville est plus peuplée et plus industrieuse ? Si, dans ces petits districts, nous calculons d’une part la valeur de la propriété foncière et du capital qui y est employé, de l’autre celle du capital placé dans les fabriques, et que nous le comparions l’une à l’autre, nous trouverons partout que la première est au moins décuple de la seconde. Il serait insensé d’en conclure qu’il est plus avantageux pour une nation de consacrer ses capitaux matériels à l’agriculture qu’à l’industrie manufacturière, et que l’agriculture est par elle-même plus favorable à l’accroissement des capitaux. L’accroissement du capital matériel de l’agriculture dépend en majeure partie de celui du capital matériel de l’indus-