Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/400

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turés et reçoit en retour l’excédant de celle-ci en denrées agricoles et en matières brutes. Ce commerce anime ses manufactures, augmente sa population ainsi que la demande des produits de sa propre agriculture, développe sa navigation marchande et sa puissance navale. Son trop-plein en population, en capital et en esprit d’entreprise trouve par la colonisation un écoulement avantageux, et elle est largement indemnisée de sa perte ; une partie considérable de ceux qui ont fait fortune dans la colonie lui rapportant leurs capitaux, ou, du moins, venant consommer chez elle leurs revenus.

Les pays agricoles, hors d’état de fonder des colonies, ne sauraient non plus ni en tirer parti ni les conserver. Ils ne peuvent offrir aux colonies les produits dont celles-ci ont besoin ; ce qu’ils pourraient leur offrir, les colonies le possèdent déjà.

L’échange des objets manufacturés contre les produits du sol est la condition essentielle du commerce colonial d’aujourd’hui. Aussi les États-Unis de l’Amérique du Nord se sont-ils séparés de l’Angleterre, dès qu’ils se sont senti le besoin et la force d’être eux-mêmes fabricants, de se livrer, eux aussi, à la navigation et au commerce avec les pays de la zone torride ; aussi le Canada se séparera-t-il, lorsqu’il sera arrivé au même point ; ainsi verra-t-on, avec le temps, surgir des États à la fois agriculteurs, manufacturiers et commerçants dans les contrées tempérées de l’Australie[1].

Mais, entre les pays de la zone tempérée et ceux de la zone torride, cet échange se perpétuera, parce qu’il est dans la nature. C’est pourquoi les Indes orientales ont été dépouillées par l’Angleterre de leur industrie manufacturière et de leur indépendance, et toutes les régions chaudes de l’Asie et de l’Afrique tomberont peu à peu sous la domination des nations

  1. Mieux éclairée aujourd’hui sur ses véritables intérêts qu’elle ne l’était dans le dernier siècle, l’Angleterre, loin de mettre obstacle à un avenir qu’elle prévoit, en prépare l’accomplissement de bonne grâce ; c’est ce qui ressort du plan de réforme coloniale exposé en 1850 à la chambre des communes par lord John Russell. (H. R.)