Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affligés, chaque fois qu’ils n’ont pas pris des mesures pour mettre leurs importations en équilibre avec leurs exportations.

C’est pour les Américains du Nord une assez triste consolation, que les banqueroutes et le ralentissement des consommations aient rétabli plus tard sur un pied tolérable les échanges entre les deux pays. Car les dérangements et les convulsions dans le commerce et dans le crédit, de même que la réduction des consommations, portent aux forces productives, au bien-être des individus et à l’ordre public, des coups dont on ne se remet pas promptement, et dont, s’ils sont fréquemment répétés, les suites désastreuses ne peuvent manquer d’être durables.

Les Américains du Nord seront encore moins rassurés par cette thèse de la théorie, qu’il importe peu que les métaux précieux circulent en grandes ou en petites quantités, qu’on ne fait qu’échanger des produits contre des produits, et qu’il est indifférent pour l’individu que cet échange s’opère avec beaucoup ou avec peu d’espèces. Nul doute qu’il importe peu au producteur ou au propriétaire d’un objet que son produit ou sa propriété vaille cent centimes ou cent francs, si avec les cent centimes il peut se procurer autant de satisfactions qu’avec les cent francs. Mais des prix bas ou élevés ne sont indifférents qu’autant qu’ils restent longtemps tels qu’ils sont.

Si les fluctuations de prix sont fréquentes et fortes, il s’ensuit de graves dérangements dans l’économie des individus comme dans celle de la société. Celui qui a acheté des matières brutes lorsque les prix étaient élevés, ne peut rentrer dans ses déboursés en vendant ses produits fabriqués lorsque les prix sont bas. Celui qui avait acheté des propriétés foncières et qui est resté débiteur d’une portion du prix d’acquisition, devient insolvable et perd même sa propriété ; car, par suite de la diminution des prix, la valeur du bien n’atteint peut-être pas le montant de l’hypothèque. Celui qui avait conclu un bail se trouve ruiné par l’avilissement des prix, ou du moins hors d’état de remplir ses obligations. Plus la hausse et la baisse des prix sont fortes, plus les fluctuations sont