Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/408

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manufacturés de l’Angleterre augmentait, et en même temps la disproportion entre l’entrée et la sortie.

Si, d’une part, l’importation des objets manufacturés d’Angleterre aux États-Unis était stimulée par les crédits des banques américaines, de l’autre, la Banque d’Angleterre travaillait dans le même sens par ses propres crédits et par le taux minime de ses escomptes. Il résulte du rapport officiel d’un comité de commerce et de manufactures en Angleterre que, par suite de ses escomptes, la banque avait réduit son encaisse métallique de 8 à 2 millions de liv. sterl. Par là elle diminuait au profit des manufacturiers anglais l’efficacité du système protecteur américain, en même temps qu’elle facilitait et qu’elle encourageait le placement en Angleterre des actions et des effets publics des États-Unis. Car, tant qu’on obtenait en Angleterre de l’argent à 3 pour cent, les entrepreneurs et les négociateurs d’emprunts des États-Unis qui offraient un intérêt de 6 pour cent ne pouvaient pas manquer d’y trouver des preneurs.

Cet état de choses, qui amena la chute successive des fabriques américaines, procura cependant l’apparence d’une grande prospérité. Car les agriculteurs des États-Unis trouvaient dans les ouvriers employés aux travaux publics et payés avec les capitaux anglais le débouché d’une grande partie des denrées que, sous un régime de libre commerce, ils auraient expédiées en Angleterre, ou que, sous un système de protection convenable pour les fabriques du pays, ils auraient vendues à la population manufacturière. Mais, avec la séparation des intérêts nationaux, des relations si peu naturelles ne pouvaient pas durer, et la rupture devait être d’autant plus funeste pour l’Amérique du Nord qu’elle avait été différée plus longtemps. C’était le cas d’un débiteur que son créancier peut soutenir longtemps à l’aide de nouveaux crédits, mais dont la faillite est d’autant plus considérable qu’il a été mis plus longtemps par son créancier à même de continuer de désastreuses opérations.

La faillite des banques américaines fut provoquée par la