Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/417

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commerciale qui doit nécessairement se produire, lorsque la nation évalue les objets tant exportés qu’importés d’après les prix de ses places maritimes. En pareil cas il est évident que ses importations doivent excéder ses exportations de tout le montant des profits de son commerce, et cette circonstance est tout à son avantage. Encore moins contesterons-nous que, dans certains cas extraordinaires, la supériorité de l’exportation dénote des pertes plutôt que des gains, par exemple lorsque des valeurs ont péri dans un naufrage. L’école a tiré habilement parti de toutes ces illusions, résultat d’une appréciation étroite de comptoir, pour nier aussi les inconvénients d’une disproportion effective, persévérante, énorme entre les importations et les exportations d’un grand pays, d’une disproportion exprimée par des chiffres considérables comme pour la France en 1786, pour la Russie en 1820 et 1821, et pour l’Amérique du Nord après l’acte de compromis.

Enfin, et il importe d’en faire la remarque, nous ne voulons pas parler des colonies, ni des pays qui ne s’appartiennent pas, ni des petits États et des villes libres isolées, mais des nations complètes, grandes, indépendantes, qui possèdent un système de commerce à elles, un système national agricole et manufacturier, un système national de circulation et de crédit.

Il est évidemment dans la nature des colonies que leurs exportations surpassent sensiblement et constamment leurs importations, sans qu’on en puisse conclure l’accroissement ou la diminution de leur prospérité. La colonie prospère toujours dans la mesure où le montant total de ses importations et de ses exportations augmente chaque année. Si ses envois de denrées tropicales excèdent sensiblement et constamment les retours qu’elle fait en articles manufacturés, c’est surtout apparemment parce que ses propriétaires résident dans la métropole et qu’ils font venir leurs revenus sous la forme de denrées coloniales en nature ou sous celle du prix qu’on en a retiré. Si, au contraire, l’importation des articles fabriqués l’emporte dans une forte proportion, cela peut tenir principa-