Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/446

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nation peu avancée encore, quelque réelle que soit sa vocation, ne saurait, sans protection douanière, arriver à un complet développement manufacturier, à une complète indépendance.

Elle ne tient pas compte de l’influence de la guerre ; elle ne s’est pas aperçue en particulier que la guerre constitue un système de prohibition, dont le système prohibitif des douanes n’est qu’une continuation nécessaire.

Elle se prévaut des bienfaits de la liberté du commerce intérieur pour prouver que les nations ne peuvent parvenir que par la liberté absolue du commerce international au comble de la prospérité et de la puissance, lorsque l’histoire cependant montre partout le contraire.

Elle prétend que les mesures protectrices procurent aux fabricants du pays un monopole et les rendent indolents, tandis que la concurrence intérieure est pour eux, en tout pays, un assez actif aiguillon.

Elle veut nous faire croire que les droits protecteurs favorisent les fabricants aux dépens des agriculteurs, quand il est évident que l’agriculture indigène retire de l’existence dans le pays d’une industrie manufacturière d’immenses avantages, au prix desquels les sacrifices que le système protecteur lui impose sont insignifiants.

Son argument capital contre les droits protecteurs est celui des frais que coûte l’administration des douanes et des inconvénients de la contrebande. Ce sont là des maux incontestables ; mais faut-il s’en préoccuper lorsqu’il s’agit de mesures qui exercent une si profonde influence sur l’existence, sur la puissance et sur la prospérité du pays ? Les inconvénients des armées permanentes et de la guerre sont-ils une raison pour qu’une nation renonce à se défendre ? Lorsqu’on allègue que les droits qui excèdent notamment les primes d’assurances de la contrebande servent uniquement à encourager ce commerce illicite, et ne favorisent point les manufactures du pays, on n’a raison qu’à l’égard des mauvaises administrations douanières, des territoires mal arrondis et de peu d’étendue,