Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tages de la liberté absolue du commerce et sur les inconvénients de la protection douanière, l’école a l’habitude d’invoquer l’exemple de quelques peuples. La Suisse prouve que l’industrie peut fleurir sans protection douanière et que la liberté absolue du commerce international est le fondement le plus solide de la prospérité publique. Le sort de l’Espagne fournit à toutes les nations qui cherchent dans la protection douanière assistance et salut, un exemple effrayant des désas-

    et c’est, là, certes, une large concession. Pour ce qui est des mesures rétorsives, il les condamne sans réserve.
      Say ajoute:« Peut-être un gouvernement fait-il bien d’accorder quelques encouragements à une production qui, bien que donnant de la perte dans les commencements, doit donner évidemment des profits au bout de peu d’années…… Il est des circonstances qui peuvent modifier cette proposition généralement vraie, que chacun est le meilleur juge de l’emploi de son industrie et de ses capitaux. Smith a écrit dans un temps et dans un pays où l’on était et où l’on est encore fort éclairé sur ses intérêts, et fort peu disposé à négliger les profits qui peuvent résulter des emplois de capitaux et d’industrie, quels qu’ils soient. Mais toutes les nations ne sont pas encore parvenues au même point. Combien n’en est-il pas où, par des préjugés que le gouvernement seul peut vaincre, on est éloigné de plusieurs excellents emplois de capitaux !… Toute application neuve de la puissance d’un capital y est un objet de méfiance ou de dédain, et la protection accordée à un emploi de travail et d’argent vraiment profitable, peut devenir un bienfait pour le pays. On possède actuellement en France les plus belles manufactures de draps et de soieries qu’il y ait au monde ; peut-être les doit-on aux sages encouragements de Colbert. Il avança 2.000 francs aux manufactures sur chaque métier battant, etc. »
      A part les mots:au bout de peu d’années, contre lesquels List a raison de se récrier, ces lignes, où l’argument de Smith est restreint dans de sages limites, semblent au premier abord une timide esquisse de la doctrine si vigoureusement accusée dans le Système national. Say, néanmoins, paraît avoir voulu parler, non de la protection proprement dite, mais des primes, des encouragements directs aux entrepreneurs, tels que ceux qu’il rappelle de la part de Colbert. Ce qui confirme cette interprétation, c’est non-seulement l’endroit du Traité où se trouve le morceau, mais encore le blâme sévère formulé dans le Cours complet, IVème partie, chap. xviii, contre la protection en tant que moyen de doter un pays d’une industrie nouvelle.
      Rossi, on a déjà eu occasion de le signaler, admet au besoin la protection dans ce dernier cas, à la fin d’une leçon qui se termine ainsi : « En résumé, il est irrécusable qu’il est des exceptions au principe de la liberté de l’industrie et du commerce, exceptions dont les unes ont leur fondement dans la science économique elle-même, et les autres découlent de considérations morales et politiques. » (H. R.)