Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étudié, peut-être y auraient-ils puisé d’utiles leçons. Antonio Serra, bien que coupable du péché de considérer l’abondance de l’or et de l’argent comme des signes de richesse, a cependant des idées assez nettes sur l’origine de la richesse. Il met en première ligne, il est vrai, les mines comme les sources directes des métaux précieux, mais il rend toute justice aux moyens indirects par lesquels on les obtient. L’agriculture, l’industrie manufacturière et le commerce sont pour lui les sources principales de la richesse nationale. La fertilité du sol est une source certaine de prospérité, mais les manufactures en sont une autre beaucoup plus abondante, par divers motifs, mais principalement à cause du vaste commerce auquel elles servent de base. La fécondité de ces sources dépend des qualités que les habitants possèdent, du point de savoir, par exemple, s’ils sont laborieux, actifs, entreprenants, économes, et des circonstances naturelles et locales, par exemple, de la situation favorable d’une ville pour le commerce maritime. Au-dessus de toutes ces causes, Serra place la forme du gouvernement, l’ordre public, la liberté civile, les garanties politiques, la stabilité des lois. « Un pays ne peut prospérer, dit-il, si chaque nouveau prince peut y établir de nouvelles lois ; c’est peut-être pour cela que les États du Saint-Père sont moins florissants que d’autres dont le gouvernement et la législation sont plus stables. Voyez comme à Venise la durée du même régime depuis des siècles influe sur la prospérité publique. » Telle est la substance d’un système d’économie politique, qui, tout en ne paraissant avoir d’autre objet que l’acquisition des métaux précieux, se distingue, dans l’ensemble, par le naturel et par le bon sens. Évidemment l’ouvrage de J.-B. Say, qui développe d’ailleurs des notions économiques dont Antonio Serra n’avait aucune idée, est très-inférieur à celui de Serra dans les points principaux et notamment dans l’exacte appréciation du régime politique relativement à la richesse des nations. Si Say avait étudié Serra au lieu de le mettre de côté, il n’aurait sans doute pas soutenu, dans la première page de son Traité d’économie