Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/475

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Le système industriel ne fut point mis d’abord par écrit, il ne fut point imaginé par des écrivains ; il fut purement et simplement appliqué jusqu’à Steuart qui l’a retracé en grande partie d’après la pratique de l’Angleterre[1], de même qu’Antonio Serra avait pris dans l’histoire de Venise les éléments de son propre système. Le livre de Steuart, d’ailleurs, n’est pas à proprement parler une œuvre scientifique. La monnaie, les banques, la circulation du papier, les crises commerciales, la balance du commerce et la population en remplissent la plus grande partie ; les développements de Steuart sur ces matières sont aujourd’hui encore instructifs à plus d’un égard, mais présentés avec peu de suite et d’intelligence ; la même idée y est répétée jusqu’à dix fois. Les autres parties de l’économie politique sont superficiellement traitées ou complètement omises. Ni les forces productives ni les éléments du prix des choses n’y sont approfondis. L’auteur n’a jamais devant les yeux que l’expérience et la situation de l’Angleterre. Son livre en un mot offre tous les mérites et tous les défauts de la pratique anglaise et de celle de Colbert.

Voici en quoi consistent les mérites du système industriel vis-à-vis des systèmes qui lui ont succédé:

1° Il comprend l’importance des manufactures et leur influence sur l’agriculture, sur le commerce et sur la navigation du pays, et il les reconnaît franchement;

2° Il choisit en général le bon moyen pour créer l’industrie manufacturière dans la nation mûre à cet effet[2] ;

  1. Ce système a eu pour organes, au siècle dernier, en France Melon et Forbonnais, outre-Rhin J. G. Busch, de Hambourg, que les Allemands citent encore aujourd’hui avec respect comme le fondateur de la science dans leur pays. (H. R.)
  2. Voici ce que dit Steuart, livre ler, chap. xxix : « Pour l’avancement de l’industrie, un homme d’État doit agir aussi bien que permettre, il doit protéger. La fabrication des laines aurait-elle jamais pu être introduite en France par la seule considération des avantages que la France en a retirés, si le roi n’avait pas entrepris de la soutenir, en accordant divers privilèges aux fabricants et en prohibant sévèrement les draps étrangers ? Y