Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/504

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Soyons juste, du reste, envers cette puissance et envers son ambition. Loin d’avoir été arrêté dans ses progrès par l’Angleterre, le monde a reçu d’elle une forte impulsion. Elle a servi de modèle à tous les peuples, dans la politique intérieure et extérieure, dans les grandes inventions et dans les grandes entreprises de toute espèce, dans le perfectionnement des arts utiles et des voies de communication, dans la découverte et dans le défrichement des terres incultes, particulièrement dans l’exploitation des richesses naturelles de la zone torride et dans la civilisation des tribus restées ou retombées à l’état barbare. Qui sait jusqu’à quel point le monde ne serait point attardé, s’il n’y avait point eu d’Angleterre ? Et si L’Angleterre cessait d’exister, qui peut dire jusqu’où le genre humain ne reculerait pas ? Nous nous félicitons, par conséquent, des progrès rapides de cette nation, et nous faisons des vœux pour sa prospérité à tout jamais. Mais devons-nous souhaiter qu’elle fonde sur les débris des autres nationalités un empire universel ? Un cosmopolitisme chimérique ou un étroit esprit mercantile pourrait seul répondre oui à cette question. Nous avons dans les chapitres précédents retracé les conséquences d’une telle dénationalisation et montré que la civilisation du genre humain ne peut résulter que de l’élévation de divers peuples au même degré de culture, de richesse et de puissance ; que la même voie par laquelle l’Angleterre est parvenue d’un état de barbarie à sa grandeur actuelle est ouverte aux autres nations, et que plus d’une aujourd’hui est appelée à marcher sur ces traces.

Les maximes d’État à l’aide desquelles l’Angleterre est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, peuvent être réduites aux formules suivantes :

Préférer constamment l’importation des forces productives à celle des marchandises[1] ;

  1. La production même de la laine en Angleterre est due en partie à l’application de cette maxime. Édouard IV importa, par une faveur spéciale, 3.000 moutons d’Espagne, pays où l’exportation des moutons était interdite, et les répartit entre les paroisses avec ordre de n’en tuer ni d’en châ-