Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/509

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affecté, soit à la production du lait et de la viande, soit à celle des plantes industrielles, à ces cultures, enfin, qui ne peuvent être pratiquées que dans le voisinage des grandes cités. Ces cultures seraient devenues pour l’agriculture anglaise infiniment plus lucratives que celle des céréales, et dès lors elles auraient, avec le temps, augmenté les revenus de l’aristocratie bien plus que ne pouvait le faire la prohibition des blés étrangers. Mais cette aristocratie, uniquement touchée de son intérêt du moment, préféra, à l’aide des lois sur les céréales, maintenir ses fermages aux taux élevés auxquels les avait portés l’exclusion, forcément opérée par la guerre, des produits bruts et des blés de l’étranger, et elle contraignit ainsi les nations du continent à chercher leur prospérité dans d’autres voies que celles du libre échange de leurs produits agricoles contre les produits fabriqués de l’Angleterre, c’est-à-dire dans l’établissement de manufactures. Les lois prohibitives de l’Angleterre opérèrent ainsi exactement comme le système continental de Napoléon, seulement avec un peu plus de lenteur.

Lorsque Canning et Huskisson arrivèrent au pouvoir, l’aristocratie territoriale avait déjà trop goûté du fruit défendu pour pouvoir se laisser persuader de renoncer à ses avantages. Ces hommes d’État, de même que les ministres anglais d’aujourd’hui, avaient à résoudre un problème insoluble. Il leur fallait convaincre les nations du continent des avantages de la liberté du commerce, et en même temps maintenir intactes au profit de l’aristocratie les restrictions contre les produits agricoles de l’étranger. Ils étaient, par conséquent, dans l’impossibilité de répondre aux espérances des partisans de la liberté commerciale dans les deux continents. Au milieu de ce déluge de phrases philanthropiques et cosmopolites qui se débitaient dans les discussions générales sur les systèmes commerciaux, ils ne voyaient pas d’inconséquence, chaque fois qu’il était question de modifier quelques taxes du tarif anglais, à appuyer leur argumentation sur le système protecteur.

Huskisson dégreva beaucoup d’articles, mais il ne man-