Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/537

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communications intérieures ne se perfectionnera que plus rapidement, et la nationalité allemande n’acquerra que plus sûrement sa base naturelle. Peut-être la Prusse ne verra-t-elle pas le prix des blés et des bois de ses provinces de la Baltique hausser aussi promptement dans ce cas que dans celui de l’ouverture immédiate du marché britannique ; mais le perfectionnement des voies de communication à l’intérieur et la demande de produits agricoles créée par les manufactures du pays accroîtront, avec une certaine rapidité, le débouché de ces provinces au sein même de l’Allemagne, et tout progrès basé sur ce débouché intérieur de leurs denrées leur sera pour jamais acquis ; elles n’oscilleront plus, comme elles l’ont fait jusqu’à présent, d’une période décennale à une autre, entre la détresse et la prospérité. Pour ce qui est de la puissance, la Prusse, en suivant cette politique, gagnera en influence réelle sur l’intérieur de l’Allemagne cent fois plus qu’elle n’aura sacrifié en valeurs dans ses provinces de la Baltique ou plutôt qu’elle n’aura prêté à l’avenir.

Il est évident qu’au moyen de ce rapport le ministère anglais désire obtenir l’admission en Allemagne des tissus communs de laine et de coton, soit par la suppression ou la modification des droits au poids, soit par l’abaissement du tarif, soit par l’admission sur le marché anglais des blés et des bois allemands ; ainsi serait ouverte la première brèche au système protecteur de l’Allemagne. Les articles de consommation générale sont, ainsi que nous l’avons déjà fait voir, de beaucoup les plus importants ; ils constituent la base de l’industrie nationale. Avec un droit de 10 pour 0/0 ad valorem, tel que le veut l’Angleterre, et les déclarations inexactes dans lesquelles elle est exercée, la plus grande partie de l’industrie allemande serait sacrifiée à la concurrence anglaise, surtout lors de ces crises commerciales où les fabricants anglais sont obligés de se défaire à tout prix de leurs marchandises. Il n’y a donc pas d’exagération à soutenir que les propositions de l’Angleterre ne tendent à rien moins qu’au renversement de tout le système protecteur allemand, afin de