Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/557

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de résultats qu’autant que la France saura éviter les fautes de Napoléon.

Il est donc insensé de la part de la France d’élever vis-à-vis de l’Allemagne des questions de frontières contraires au droit et à la nature des choses, et d’obliger ainsi d’autres nations du continent à s’attacher à l’Angleterre.

Il est insensé de sa part de parler de la Méditerranée comme d’un lac français, et d’aspirer à une influence exclusive dans le Levant et dans l’Amérique du Sud.

Un système continental efficace ne peut émaner que de la libre association des puissances du continent, et ne peut réussir que sous la condition d’une participation égale de toutes aux avantages qui doivent en résulter. C’est ainsi, et non autrement, que les puissances maritimes du second ordre se feront assez respecter de l’Angleterre pour que, sans qu’on recoure à la force des armes, celle-ci fasse droit à leurs légitimes prétentions. Ce n’est qu’au moyen de cette alliance que les nations manufacturières du continent pourront conserver leurs relations avec les pays de la zone torride et défendre leurs intérêts en Orient comme en Occident.

Sans doute il pourra paraître pénible à ces Anglais altérés de suprématie de voir ainsi les nations du continent, par de mutuelles facilités commerciales, développer leur industrie manufacturière, fortifier leur marine marchande et leur marine militaire, et rechercher partout dans la culture et la colonisation des contrées barbares et incultes, ainsi que dans le commerce avec la zone torride, la juste part d’avantages que la nature leur a départie ; mais un coup d’œil jeté sur l’avenir les consolera des dommages imaginaires.

Les mêmes causes, en effet, auxquelles l’Angleterre doit son élévation actuelle, feront parvenir l’Amérique, vraisemblablement dans le cours du siècle prochain, à un degré d’industrie, de richesse et de puissance, qui la placera au-dessus de l’Angleterre autant que l’Angleterre elle-même est aujourd’hui au-dessus de la Hollande. Par la force des choses, les États-Unis, d’ici là, se peupleront de centaines de millions