Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/561

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son territoire, le développement de son agriculture, ses ressources naturelles, sociales et intellectuelles, tout lui donne cette vocation.

Si un pays est fondé à attendre d’un système protecteur approprié à sa situation des résultats avantageux pour le développement de ses fabriques, pour l’accroissement de son commerce extérieur et de sa navigation marchande, pour l’amélioration de ses voies de communication, pour la prospérité de son agriculture, de même que pour l’affermissement de son indépendance et pour l’augmentation de son influence au dehors, c’est encore l’Allemagne.

Nous ne craignons pas d’affirmer que du perfectionnement du système protecteur dépendent l’existence, l’indépendance et l’avenir de la nationalité allemande. L’esprit national ne


    à l’abri de l’ambition des deux grandes nations militaires entre lesquelles elle est située. Ici, nous devons le dire, List s’est trompé à l’égard de la France, et il a été profondément injuste envers elle. Si la Russie pèse sur la frontière orientale de l’Allemagne, comme L’Angleterre sur son littoral du Nord, la France aujourd’hui ne menace nullement sa frontière occidentale. Que List refuse à la nation française certaines facultés qu’elle n’a pas déployées jusqu’ici avec éclat, mais que, sous le régime de la liberté constitutionnelle, elle ne peut manquer d’acquérir, nous ne lui en ferons pas un sujet de reproche ; mais il est inexcusable à nos yeux de voir dans les Français d’à présent un peuple altéré de gloire militaire, dans leurs Institutions un mécanisme pour la guerre, dans les combats qu’ils livrent aux Arabes d’Afrique une préparation à la conquête du continent européen. Ces jugements erronés, que nous regrettons vivement de la part d’un écrivain dont l’autorité est grande au delà du Rhin, ne peuvent s’expliquer que par des impressions de jeunesse que les démonstrations belliqueuses de 1810 auront rafraîchies. Nul ne songe en France à recommencer l’épopée de l’empire ; toutes les pensées y sont tournées vers le développement des libertés publiques et du bien-être général ; une guerre sur le Rhin y est considérée comme une guerre impie, et l’un des mérites que l’on y trouve à la possession de l’Algérie, c’est d’être une des garanties de la paix en Europe, en ouvrant un meilleur champ de gloire et d’activité militaires. La France n’a plus de motifs de convoiter la limite du Rhin, du moment qu’elle est assurée des dispositions pacifiques et amicales de l’Allemagne ; et comme elle-même n’éprouve que de la sympathie pour le développement des libertés allemandes, comme elle est pleine de respect pour l’indépendance de sa voisine et que les progrès de celle-ci ne lui font point ombrage, elle est en droit de compter sur de semblables dispositions. (H. R.)