Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/76

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J’y appris par hasard qu’une question relative à la liberté et aux restrictions en matière de commerce, déjà une fois proposée, avait été remise au concours par l’Académie des sciences morales et politiques. Là-dessus, je me décidai à mettre par écrit la substance de mon système[1]. Mais, réduit,

  1. Lorsque List composait un mémoire en français pour l’Académie, il n’était pas à son début dans ce genre. La Revue encyclopédique, dirigée par MM. Auguste Juillet et Anselme Petetin, contient, dans ses cahiers de mars et avril 1831, un intéressant travail de l’économiste allemand, sous ce titré : Idées sur les réformes économiques, commerciales et financières applicables à la France. Dans le premier article, il retrace les avantages que la France pourrait retirer, pour ses relations intérieures, d’un système complet de chemins de fer, sujet alors tout neuf parmi nous ; dans le second, il expose ses vues sur les développements promis au commerce extérieur de notre pays. Ce dernier article commence par ces lignes qui offrent le germe du système national :
            « Quoique partisan des théories de la liberté du commerce, nous croyons à la nécessité d’une sage protection pour l’industrie nationale ; cosmopolite par principe et plein de foi dans l’utopie de la paix éternelle, nous ne pouvons cependant nous persuader que, dans l’état actuel du globe, une nation agit prudemment en démolissant ses forteresses et en négligeant tous ses moyens de défense. Nous comprenons fort bien les heureux effets de l’abolition des tarifs provinciaux en France, mais nous ne pensons point que l’abolition des tarifs établis sur les frontières de nation à nation fût également conseillée par une saine politique. La liberté du commerce et la paix perpétuelle, sont, à ce qu’il nous paraît, deux principes qui reposent sur la même base et qui sont intimement liés ; elles ne seront possibles toutes deux que lorsque la civilisation, la condition politique et l’industrie des nations seront tellement avancées, seront devenues tellement semblables, que leur union puisse être utile à chacune d’elles comme celle qui existe entre les vingt-quatre Etats de l’Amérique du Nord leur est à tous avantageuse. En attendant, l’homme d’Etat politique, voyant des dangers réels dans l’abandon d’avantages certains et d’une sécurité présente pour la recherche d’un avenir douteux, ne doit pas être tenu d’obéir à des théories, lesquelles présupposent un état de choses qui n’est pas encore établis. »
            L’auteur insiste ensuite particulièrement sur les moyens de développer les échanges entre la France et les Etats-Unis.
            A la fin de ce travail, nous trouvons un post-scriptum qu’on jugera remarquable, si l’ont se reporte à l’époque où il fut publié, et qui traite des avantages d’une route à ornières du Havre à Strasbourg par Paris. « Nous écrivions ce qu’on vient de lire, dit List, quand des cris se sont fait entendre dans les rues de Paris : Du travail ! Du pain ! Ces cris de détresse nous font abandonner la suite de cette argumentation, pour proposer sans délai aux ministres un moyen de donner de l’occupation à la population pauvre de Paris et de la France entière. Il n’est point question de bâtir des monuments