Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/114

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qu’on ne connaît vraiment que lorsque les héroïsmes de leur cœur, parlent au cœur.

La polonaise d’autrefois, tant qu’elle fut la noble compagne de héros vainqueurs, n’était point ce qu’est la polonaise d’aujourd’hui, ange consolateur de héros vaincus. Le polonais actuel n’est pas plus différend de ce qu’était le polonais antique, que la polonaise moderne n’est différente de la polonaise des anciens temps. Jadis, elle était avant tout et surtout une patricienne honorée ; la matronne romaine devenue chrétienne. Toute polonaise, qu’elle fut riche ou pauvre, à la cour ou à la ville, régnant sur ses palais ou sur ses champs, était grande-dame. Elle l’était par suite de la situation que la société lui préparait, bien plus encore que par la noblesse de son sang et l’orgueil de son écusson. Les lois tenaient, il est vrai, sous une tutelle rigoureuse tout le sexe faible, (qui devient si souvent le sexe fort au milieu des poignantes péripéties de la vie), y compris les « hautes et puissantes châtelaines », que par respect et déférence on apellait biaioglowe, parceque les femmes mariées avaient la tête couverte et les joues encadrées de blanches et vaporeuses dentelles, imitation civilisée, pudique et chrétienne, du voile musulman, injurieux et barbare. Mais, leur sujétion et leur impuissance légale, contre-balancée par les mœurs et les sentimens, loin de les diminuer, les élevaient, en préservant la sérénité de leur âme, qu’elles tenaient en dehors de l’âpre lutte des