Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/140

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des affaires, daignent laisser tomber un mot du bout de leurs lèvres fanées et sceptiques pour applaudir l’artiste qu’ils pensent honorer, cette condescendance fastueuse ne l’honore pas du tout s’ils l’applaudissent à contre-sens, en louant ce qu’il prise le moins dans son art et estime le moins en lui-même.

Il y trouve plutôt occasion de se convaincre que là, personne n’est admis à l’auguste fréquentation des Muses. Les femmes qui se pâment parceque leurs nerfs sont excités, sans rien saisir de l’idéal que l’artiste chante, de l’idée qu’il a voulu exprimer sous les formes du beau ; les hommes qui se morfondent dans leurs cravattes blanches parceque les femmes ne s’occupent pas d’eux, ne sont certes, ni les unes, ni les autres, préparés et disposés à voir en lui autre chose qu’un acrobate de bonne compagnie. Que peuvent-ils savoir du beau langage des filles de Mnémosyne, des révélations d’Apollon Musagète, ces hommes et ces femmes habitués dès leur enfance à ne goûter que des plaisirs intellectuels qui frisent la platitude, cachée sous les formes mignardes d’une distinction niaise ? En fait d’arts plastiques, tous tant qu’ils sont s’affollent du bric-à-brac devenu le cauchemar des salons où l’on / se pique d’avoir le goût, ne possédant pas le sentiment des arts ; on s’y éprend de l’insipide quidam qui se laisse surnommer « le dieu de la porcelaine et de la verrerie » ; on s’y arrache le fade dessinateur des vues de château, de vignettes maniérées et de madonnes