Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/173

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poursuites !… Avec quelle cruelle joie ne citent-ils pas ces exemples aux. âmes inquiètes et faibles, dont les aspirations juvéniles, dont les convictions et la valeur décroissantes essayent encore de se soustraire à ces tristes pactes ! De quel fatal découragement celles-ci ne sont-elles pas atteintes devant les violentes alternatives, les séduisantes insinuations, qui se présentent à chaque détour du chemin de la vie, en songeant que les cœurs les plus ardemment épris de sublime, les plus initiés aux susceptibilités de la délicatesse, les plus touchés par les beautés de la candeur, ont pourtant renié dans leurs actes les objets de leur culte et de leurs chants !… De quels doutes angoissés ne sont-elles pas saisies et dévorées devant ces flagrantes contradictions !

Mais, ce qui peut-être fait le plus de peine à voir, ce sont les cruels sarcasmes déversés sur leurs souffrances par ceux qui répétent : la Poème, c’est ce qui aurait pu étre… se complaisant ainsi à la blasphémer par leur coupable négation ! — Non ! — Tous les dieux l’attestent, toutes les consciences le disent, toutes les innocences l’affirment, tous les justes le prouvent, tous les repentirs le répètent, toutes les belles âmes le sentent, tous les héros en témoignent, toutes les saintetés le proclament, la Poésie n’est point l’ombre de notre imagination, projetée et grandie démesurément sur le plan fuyant de l’Impossible ! « La Poésie et la Réalité » — (Dichtung und Wahrheit) — ne sont point