Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/211

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Leurs plus chères, leurs plus intimes pensées, s’exprimaient ou se trahissaient ainsi, pour la dernière fois. Les robes monastiques étaient fréquemment désignées par des personnes mondaines ; les hommes préféraient ou refusaient le costume de leurs charges, selon que des souvenirs glorieux ou chagrins s’y rattachaient. Chopin, qui parmi les premiers artistes contemporains donna le moins de concerts, voulut pourtant être mis au tombeau dans les habits qu’il y avait porté. Un sentiment naturel et profond, découlant d’une source intarissable d’enthousiasme pour son art, a sans doute dicté ce dernier vœu, alors que, remplissant fervemment les derniers devoirs du chrétien, il quittait tout ce que de la terre il ne pouvait emporter aux cieux. Longtemps avant l’approche de la mort, il avait rattaché à l’immortalité son amour et sa foi en l’art. Il voulut témoigner une fois de plus au moment ou il serait couché dans le cercueil, par un muet symbole comme de coutume, l’enthousiasme qu’il avait gardé intact pendant toute sa vie. II mourut fidèle à lui-même, adorant dans l’art ses mystiques grandeurs et ses plus mystiques révélations.

En se retirant, ainsi que nous l’avons dit, du tournant tempêtueux de sa société, Chopin reportait ses sollicitudes et ses affections dans le rayon de sa famille, de ses connaissances de jeunesse, de ses compatriotes. Il conserva avec eux, sans aucune interruption, des rapports fréquens, qu’il entretenait avec