Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la forme de son art. Contrairement à la plupart des jeunes arrivans, il n’éprouva pas un instant l’éblouissement et l’enivrement du triomphe. Il l’accepta sans orgueil et sans fausse modestie, ne ressentant aucun de ces chatouillemens d’une vanité puérile étalée par les parvenus du succès.

Tous ses compatriotes qui se trouvaient alors à Paris, lui firent l’accueil le plus affectueusement empressé. A peine arrivé, il fut de l’intimité de l’hôtel Lambert , où le vieux Pce Adam Czartoryski, sa femme et sa fille, réunissaient autour d’eux tous les débris de la Pologne que la dernière guerre avait jetés au loin. La Pssc Marcelline Czartoryska l’attira encore plus dans sa maison ; elle fut une des ses éléves les plus chères, une privilégiée, celle à qui on eut dit qu’il se plaisait à léguer les secrets de son jeu, les mystères de ses évocations magiques, comme à la légitime et intelligente héritière de ses souvenirs et de ses espérances !

Il allait très souvent chez la C8se Louis Plater, née CS9e Brzostowska, appelée Pani Kasztelanowa. L’on y faisait beaucoup de bonne musique, car elle savait accueillir de manière à les encourager, tous les talens qui promettaient alors de prendre leur essor et de former une lumineuse pléiade. Chez elle, l’artiste ne se sentait pas exploité par un curiosité stérile, parfois barbare ; par une sorte de badauderie élégante qui suppute à part soi combien de visites, de diners et de soupers, chaque célébrité du jour représente, pour