Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/247

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général et chacun en particulier se rapprochait par quelque côté. Sans y prétendre, il rassembla en faisceaux lumineux, des sentimens confusément ressenties par tous dans sa patrie, fragmentairement disséminés dans les cœurs, vaguement entrevus par quelques-uns. N’est-ce pas à ce don de renfermer dans une formule poétique qui séduit les imaginations de tous les pays, les contours indéfinis des aspirations éparses, mais souvent rencontrées parmi leurs compatriotes, que se reconnaissent les artistes nationaux ?

Puisqu’on s’attache maintenant, et non sans raison, à recueillir avec quelque soin les mélodies indigènes des diverses contrées, il nous paraîtrait plus intéressant encore de prêter quelque attention au caractère que peut affecter le talent des virtuoses et des compositeurs , plus spécialement inspirés que d’autres par le sentiment national. Il en est peu jusques ici dont les œuvres marquantes sortent de la grande division qui s’est déjà établie entre la musique italienne, française, allemande. On peut ce nonobstant présumer, qu’avec l’immense développement que cet art semble destiné à prendre dans notre siècle, (renouvelant peutêtre pour nous l’ère glorieuse des peintres au cinque cento), il apparaîtra des artistes dont l’individualité fera naître des distinctions plus fines, plus nuancées, plus ramifiées ; dont les œuvres porteront l’empreinte d’une originalité puisée dans les différences d’organisations que la différence de races, de climats et de mœurs.