Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/265

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Elle était visitée dans ses rêves par ces « amis inconnus » qui venaient la rejoindre, « lorsque prise « de détresse sur une grève abandonnée, un fleuve « rapide… l’amenait dans une barque grande et « pleine… sur laquelle elle s’élançait pour partir « vers ces rives ignorées, ce pays des chimères, qui « fait paraître la vie réelle un rêve à demi effacé, à « ceux qui s’éprennent dès leur enfance des grandes « coquilles de nacres, où l’on monte pour aborder à ces « îles où tous sont beaux et jeunes… hommes et femmes « couronnés de fleurs, les cheveux flottans sur les « épaules… tenant des coupes et des harpes d’une « forme étrange… ayant des chants et des voix qui ne « sont pas de ce monde… s’aimant tous également d’un « amour tout divin !… Où des jets-d’eau parfumés tom« bent dans des bassins d’argent… où des roses bleues « croissent dans’des vases de Chine… où les per« spectives sont enchantées… où l’on marche sans « chaussure sur des mousses unies comme des tapis de « velours… où l’on court, où l’on chante, en se dispersant « à travers des buissons embaumés !…’) »

Elle connaissait si bien « ces amis inconnus » qu’après les avoir revus, « elle ne pouvait y songer sans palpi« tations tout le long du jour…. » Elle était une initiée de ce monde hoffmanique, elle qui avait surpris de si ineffables sourires sur les portraits des morts’2) ; elle qui