Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/268

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« l’auteur de Waverley, mais où, idéalisant la poésie « même’, on peuple l’infini de ses propres créations, à « la manière de Manfred »’).

Mme Sand avait-elle pressenti à l’avance, cette inénarrable mélancolie, cette volonté immiscible, cet exclusivisme impérieux qui gît au fond des habitudes contemplatives, qui s’empare des imaginations se complaisant à la poursuite de rêves dont les types n’existent pas dans le milieu où ces êtres se trouvent ? Avait-elle prévu la forme que prennent pour eux les attachemens suprêmes, l’absolue absorption dont ils font le synonyme de tendresse ? Il faut, à quelques égards du moins, être instinctivement dissimulé à leur manière pour saisir dès l’abord le mystère de ces caractères concentrés, se repliant promptement sur eux-mêmes, pareils à certaines plantes qui ferment leurs feuilles devant les moindres bises importunes, ne les déroulant qu’aux rayons d’un soleil propice. On a dit de ces natures qu’elles sont riches par exclusivité, en opposition à celles qui sont riches par exubérance. « Si elles se rencontrent et se rapprochent, elles ne « peuvent se fondre l’une dans l’autre », ajoute le romancier que nous citons ; « l’une des deux doit dévorer « l’autre et n’en laisser que des cendres ! » Ah ! ce sont les natures comme celles du frêle musicien dont nous remémorons les jours, qui périssent en se dévorant elles-mêmes, ne voulant, ni ne pouvant vivre que

1) Lucrezia Floriani.