Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/276

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plus favorisés. « Il n’était plus sur terre, il vivait dans « un empyrée de nuages d’or et de parfums ; il semblait « noyer son imagination si exquise et si belle dans un « monologue avec Dieu même, et si parfois,sur le prisme « radieux où il s’oubliait, quelque incident faisait passer « la petite lanterne magique du monde, il sentait un « affreux malaise, comme si, au milieu d’un concert « sublime, une vielle criarde venait mêler ses sons aigus « et un motif musical vulgaire aux pensées divines des « grands maîtres » ’). Dans la suite, il parla de cette période avec une reconnaissance toujours émue, comme d’un de ces bienfaits qui suffisent au bonheur d’une existence. Il ne lui semblait pas possible de jamais retrouver ailleurs une félicité où, en se succédant, les tendresses de la. femme et les étincellemens du génie marquent le temps, pareillement à cette horloge de fleurs que Linné avait établie dans ses serres d’Upsal, pour indiquer les heures par leurs réveils successifs, exhalant à chaque fois d’autres parfums, révélant d’autres couleurs, à mesure que s’ouvraient leurs calices de formes diverses.

Les magnifiques pays que traversèrent ensemble le poète et le musicien, frappèrent plus nettement l’imagination du premier. Les beautés de la nature agissaient sur Chopin d’une manière moins distincte, quoique non moins forte. Son cœur en était touché et s’harmonisait directement à leurs grandeurs et à leurs enchantemens,

1 Lucrezia Floriuni.