Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/297

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mariage de la fille de la maison, Chopin quitta brusquement Nohant pour n’y plus revenir.

Malgré cela, il parla souvent alors et presque avec insistance de Mm*Sand, sans aigreur et sans récriminations. Il rappelait, il ne racontait jamais. Il mentionnait sans cesse ce qu’elle faisait , comment elle le faisait, ce qu’elle avait dit, ee qu’elle avait coutume de répéter. Les larmes lui montaient quelquefois aux yeux en nommant cette femme, dont il ne pouvait se séparer et qu’il voulut quitter. En supposant qu’il ait comparé les délicieuses impressions qui inaugurèrent sa passion, à l’antique cortége de ces belles eanéphores portant des fleurs pour orner une victime, on pourrait encore croire qu’arrivé aux derniers instans de la victime qui allait expirer, il mettait un tendre orgueil à oublier les convulsions de son agonie, pour ne contempler que les fleurs qui l’avaient enguirlandée peu auparavant. On eût (lit qu’il voulait en ressaisir le parfum enivrant, en contempler les pétales fanés, mais encore imprégnés de l’haleine enfiévrée, donnant des soifs qui, loin de s’étancher au contact de lèvres incandescentes, n’en éprouvent qu’une exaspération de désirs.

En dépit des subterfuges qu’employaient ses amis pour écarter ce sujet de sa mémoire, afin d’éviter l’émotion redoutée qu’il amenait, il aimait à y revenir, comme s’il eût voulu s’asphyxier dans ce mortel dictame et détruire sa vie par les mêmes sentimens qui l’avaient