Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/84

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haine de la bassesse et haine de la viltà ! Mourir, mourir de suite ; mourir mille fois, plutôt que de ne pas garder une âme libre en une personne libre ! Plutôt que de dépendre, comme l’ignoble transfuge, du bon plaisir des czars et des czarines, du sourire ou de l’insulte, de la caresse impure et dégradante ou de la colère meurtrière et fantasque de l’autocrate !

Toutefois, mourir c’était trop ! Par conséquent ce n’était pas assez. Tous ne devaient pas mourir, tous cependant devaient refuser de vivre, en refusant l’air libre de leurs prérogatives innées, les franchises de leur antique patriciat dans la grande cité chrétienne ; lorsqu’ils refusaient tout pacte avec le vainqueurqui y avait usurpé sa place et s’y targuait de ses privilèges, (rétait là vraiment un destin pire que la mort ! N’importe ! Celles qui ne craignaient pas de l’imposer, en rencontraient toujours qui ne craignaient pas de l’accepter. S’il y en eut qui ont pactisé avec le vainqueur, plus pour la forme que pour le fond,) combien n’y en eut-il pas qui n’ont jamais voulu pactiser, ni pour le fond, ni pour la forme ! Ils se sont soustraits à tout pacte, même à ce pacte tacite qui ouvrait les portes de toutes les ambassades et de toutes les cours d’Europe, à la seule condition de ne jamais laisser entendre que « l’ours qui a mis des gants blancs » chez l’étranger, se hâte de les jeter à la frontière et, loin de ses regards, redevient la bête inculte, friande il est vrai des saveurs du miel de la civilisation dont elle importe volontiers chez elle les rayons tout