Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/86

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Mais, dans les bals on n’est pas toujours entre sui. Il faut souvent danser avec les vainqueurs ; il faut souvent leur plaire pour n’en être pas incontinent anéantis. Il faut aller chez leurs femmes et quelquefois les inviter ; il faut être près d’elles, côte-à-côte avec elles, humilies par celles qu’on méprise. Quelles sont dures les femmes des v ainqueurs quand elles apparaissent aux fêtes des vaincus ! Les unes se montrent confites dans la morgue des dames de cour sur lesquelles resplendit tout l’éclatd’une laveur impériale, insolentes avec préméditation, cruelles avec inconscience, se croyant adulées sans se sentir haïes, imaginant trôner et régner, sans apercevoir qu’elles sont raillées et tournées en dérision par ceux qui ont assez de sang au cœur, assez de feu dans le sang, assez de foi dans l’âme, assez d’espoir dans l’avenir, pour attendre des générations avant de livrer leur souvenir à la vindicte publique. Etalant le grand air d’emprunt des personnes qui savent à un cheveu près le degré d’élasticité permis au buse de leur corset, elles sont rendues plus froidement impertinentes encore par le déplaisir de se voir entourées d’un essaim de créatures, plus enchanteresses les unes que les autres et dont la taille n’a jamais connu de corset ! D’autres, parvenues enrichies, font papilloter l’éclat de leurs diamans aux veux de celles à qui leurs maris ont volé leurs revenus. Sottes et méchantes, ne se doutant quelquefois pas des taches de sang qui souillent