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core ce nom exerce son magique et salutaire empire. Aussitôt la vision impure disparaît. Les mélodies d’une si décevante suavité s’évanouissent, et Tannhäuser redit encore ce nom avec le même amour et la même espérance. À cet instant, on voit s’approcher la procession funèbre qui porte à sa dernière demeure, celle, qui avait voulu ne vivre et ne mourir que pour lui. Il tombe devant ce cercueil où repose une victime qui avait souffert une Passion afin que les siennes fussent rachetées. Il tombe, il meurt.... il est sauvé !


II.


L’ouverture de cet opéra extraordinaire, est une œuvre non moins admirable en elle-même. Elle résume la pensée du drame. Le chant des pèlerins et le chant des syrènes y sont posé comme deux termes, qui dans le final trouvent leur équation. D’abord le motif religieux apparaît calme, profond, à lentes palpitations, comme l’instinct du plus beau, du plus grand de nos sentiments, mais il est submergé peu à peu par les insinuantes modulations de voix pleines d’énervantes langueurs, d’assoupissantes délices, quoique fébriles et agitées : agaçant mélange de volupté et d’inquietude ! La voix de Tannhäuser, celle de Vénus, s’élèvent au-dessus de ces flots écu-