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met de toujours vanter ses attraits, mais où il ajoute qu’il est altéré du désir « de revoir les Cieux et la verdure des prés... d’entendre le ramage des oiseaux, et les cloches des églises… » Ce chant d’une énergie mâle, reproduit la mélodie que nous avons signalée deux fois dans l’ouverture les paroles qui s’y appliquent sont à la louange de Vénus. Mais cette strophe est immédiatement suivie d’une anti-strophe, qui par des modulations douloureuses et quelque peu effarées, s’échappe de la poitrine comme un cri aigu ; le cri de l’aigle prisonnier qui veut retourner aux régions des tempêtes et du soleil : le cri de l’âme qui veut remonter aux Cieux. Trois fois la strophe et l’antistrophe sont répétées, et toujours à un demi-ton plus haut, ce qui leur donne un accroissement strident d’accentuation passionnée.

Par un seul mot, mais par un de ces mots qui suffisent pour revêtir la Poésie de toute la majesté de la Vérité sa sœur, Wagner révèle la grandeur des âmes insatisfaites au sein des plus suaves paresses, lorsque Tannhäuser s’écrie : « Les jouissances ne comblent pas mon cœur !.... Resté mortel, je veux ma part des luttes de la terre !.... Toujours dans les délices, j’aspire à la douleur !... » — Aspirer à la Douleur, n’est-ce point aspirer à l’Infini, car qu’est-elle alors, sinon la meurtrissure de l’âme