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douce et rêveuse chanson d’un pâtre assis sur une roche voisine ; le refrain de son chalumeau que le cor anglais figure très-heureusement, amène une opposition bienfaisante. Bientôt on entend venir de loin un chœur de pélerins ; durant ses pauses la voix du berger qui se recommande à leurs prières, forme un nouveau contraste, longtemps maintenu par le retour du refrain en guise de contre point figuré, qui suspend et enguirlande sa mélodie pastorale, semblable à un festonnage de fleurs champêtres, sur les graves contours du pieux cantique, s’élevant comme les arceaux d’une voûte ogivale.

Les pélerins approchent, paraissent, s’avancent, et leur chant où se trouve intercalé la seconde moitié du thème religieux de l’ouverture, est d’une calme et pieuse solennité. Dans cette quiétude, des élans exaltés vibrent cependant, et l’on y discerne une extase contenue, un secret ravissement. Ils s’arrêtent devant une statue de la Madone, et Tannhäuser en les écoutant se jette à genoux. Aussi épouvanté du prodige de miséricorde qui vient de le sauver, que stupéfait de voir son vœu audacieux si soudainement exaucé, et sa délivrance si inopinément accomplie, il répète les paroles des pélerins : « Je suis oppressé par mon péché, je succombe sous son poids, je ne veux donc plus connaître ni la paix, ni le repos ;