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I.


Les hommes qui se sont élevés au-dessus de leurs semblables par l’éclat de leur génie ou l’empire de leurs talens, et si bien appelés les grands hommes, ont de tout temps été l’objet d’un culte qui a pris des formes diverses selon le degré de civilisation des époques où ils ont vécu. Dans l’enfance de la vie des peuples, ce culte porta naturellement le caractère d’une religieuse adoration. On crut d’abord que ceux en qui se révélaient des facultés extraordinaires, étaient de nature supérieure à celle des autres mortels. Comme on ne pouvait s’expliquer l’inexplicable source de ces beaux phénomènes, de ces capricieuses largesses de la nature, de ce luxe apparent de la Création qui n’est qu’une des premières nécessités de l’humanité : comme l’Expérience, cette divinité grise et froide que personne