Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16

accomplir. Il ne pouvait que luire. Mais l’immortel rayonnement de son flambeau, ne devait être reconnu que longtemps après. Ce n’est que dans les calmes contemplations d’une existence paisible, qu’il fut possible de lui reporter l’hommage dû aux bienfaits des lueurs qu’il avait répandues sur les ténèbres de tant de luttes sanglantes. Quand des trêves suivirent enfin ces luttes, alors il appartint aux hommes éclairés qui considéraient le Passé pour y démêler la genèse des troubles et des infortunes au milieu desquels les idées et les problèmes s’étaient si longtemps aheurtés comme des astres errans, lumineux ou éteints, de rappeler ce culte primitif des grands hommes, non plus dans sa mythologie grandiose et poétique, mais dans la juste reconnaissance qui revient à ces élus, porteurs des dons et des bienfaits que la Providence répand sur l’humanité par leur entremise, alors même qu’ils ignorent le sens de leurs mystérieuses missions, et la qualité des fruits que doivent porter les branches nouvelles, qu’ils greffent sur le vieil arbre de la Science du Bien et du Mal, lequel après nous avoir tant appris, nous laisse encore tant ignorer.

À ce moment l’impulsion admirative ne venant plus du peuple et des masses éblouies, mais de la partie la plus cultivée et la plus éclairée des sociétés, le tribut d’enthousiasme rendu aux hommes