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tion du cataclysme de la Nature entière, du bouleversement de la Création à l’approche du Seigneur, de ce Dieu d’Israël qui ne dédaigne point de venir dans toute la majesté de son cortége à l’appel et au secours d’un de ses serviteurs, nous nous sommes demandés si l’apôtre de l’humanité s’était autant assimilé la magnificence du sentiment que le Royal Prophète cachait sous son luxe d’images, et la sublime passion que respire cette ode sacrée, que le lyrisme plus calme du Psaume suivant ?

Il est impossible de ne point refléchir en voyant à Weimar, cette ville où des hommes qui pourraient se disputer le droit de donner leur nom à leur époque se sont trouvés réunis durant la période la plus brillante de la littérature allemande, la statue de Herder s’élever avant celle de tout autre. Ce fait ne manque pas de signification, et nous aimerions à croire que sa cause se trouve dans la force des sympathies fondées sur un sentiment d’humanité. Quelques grandes que soient la surprise et l’admiration qu’excitent en nous le talent le plus poétique, comme celui de Wieland, la lyre qui rend les plus nobles accords, comme celle de Schiller, la plus vaste des intelligences, comme celle de Gœthe, les hommes glorifient en premier lieu celui qui fit appel aux bienfaits de la Lumière, première condition de notre grandeur ; aux droits de la Vie, pre-