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encore à Elsa un geste de triomphe moqueur, et l’on voit à la défaillance de la jeune fille, que la malice du soupçon a pourtant pénétré jusques dans son faible cœur. Par une application aussi minutieuse que réfléchie et intelligente de son système, Wagner fait concorder ce geste avec un retour dans l’orchestre de la phrase mystérieuse, qui maintenant, comme une funeste menace, gronde à la fin de l’acte, jusqu’à ce que les fanfares de la marche processionnelle viennent l’engloutir.

Le morceau instrumental qui ouvre le troisième acte, a plus de cent mesures d’un mouvement vif ; il respire un air de fête et de noble réjouissance ; il nous dépeint les scènes de joie et de contentement qui ont suivi les rites du mariage chrétien. En l’écoutant on se représente les paladins et leurs joûtes, on croit reconnaître les signaux des tournois, et les clairons annonçant les brillantes passes d’armes qui devaient illustrer les fêtes et les noces de si hauts et puissaus Seigneurs.

Nous voyons ensuite la chambre nuptiale des jeunes époux. Le cortége des femmes, et celui des hommes conduit par l’empereur, les y introduisent par des portes opposées, et leurs chants se répandent dans l’atmosphère comme un nuage d’encens, de nard, de myrrhe, de cinname, sur lequel