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curiosité donne une habileté inaccoutumée à la naïve enfant. « Que ton nom serait doux à mes lèvres !.. » continue-t-elle. « Ma bouche ne le murmurerait que dans le silence de l’amour !.... » Lohengrin lui montrant le paysage à travers la fenêtre ouverte, lui demande avec une indéfinissable mélancolie, « si en respirant le beaume aromatique que les fleurs répandues au loin dans les forêts et les montagnes, lui envoient sur l’aile des brises de la nuit, elle s’informe du nom qu’elles portent ?… Quand je t’ai vue, ajoute-t-il, mon âme a connu la tienne en contemplant ton œil candide, et je me suis épris de ta pureté, alors même que la honte du crime pesait sur toi !... » Ce morceau est sans le moindre doute une des plus belles inspirations de Wagner ; une des plus heureuses qu’il ait eus et qu’il puisse avoir encore ; un de ses titres les plus incontestables à la gloire, et à la place que l’avenir lui réserve parmi les grands maîtres de la musique,

Elsa reprend avec cette amoureuse ambition de dévouement qui est l’héroïsme de la femme : « Que ne puis-je moi aussi te prouver mon amour, et mourir pour te sauver !.... que ne puis-je aussi connaître tes dangers, s’il en est qui t’entourent !… que n’ai-je du moins un secret à garder pour t’assurer de ma fidélité !… Les tourmens de la mort ne me l’arracheraient pas !.... »