Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/209

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suis chargé, surchargé, accablé de défauts ; je n’ai point celui-là, tout justement sans doute parce qu’il a l’extérieur honnête et le vernis flatteur d’une qualité. Je tiens tous mes amis pour charmants, parfaits, presque adorables, et surtout inimitables : cela posé, vous auriez le droit de récuser mon jugement personnel sur Francilla ; je me bornerai donc à vous répéter ce qui me paraît être l’opinion du public. Francilla Pixis est une nature essentiellement allemande ; elle est pleine d’âme et de sentiment ; mais une certaine animation, une certaine force d’expansion lui manquent encore ; son talent est trop délicat, trop intime pour de grands théâtres ; on sent qu’il ne s’est point encore doré au soleil du midi ; il est trop concentré pour un public qui veut toujours être entraîné ; il lui faut plus de liberté, plus d’abandon et sous ce rapport l’école des différents théâtres d’Italie ne peut que lui être favorable ; car, sans perdre ce qu’il y a de si pur et de si vrai dans sa nature, elle y acquerra la chaleur et le brio italien qui manquent encore.

Mme Dérancourt, que de très grands succès à Lyon avaient déterminée à aborder le théâtre de la Scala, n’y a pas trouvé un aussi favorable accueil ; sa méthode toute française n’a point plu aux Milanais, et malheureusement aussi elle s’est trouvée enveloppée dans le fiasco orrihile des Arragonesi dont je vous ai parlé.

Petrazzi et Badiali, le premier ténor et le