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IV

Si, sur cette terre étrangère,
Nous devons verser notre sang,
Nous attendrons l’heure dernière
En Français dignes de leur rang ! (bis)
Ô France, alors, dans ta mémoire,
Garde un fidèle souvenir
À tes fils qui surent mourir
Au loin, pour ton nom, pour ta gloire !

Achille Butruille.


VOLEUR PAR MISÈRE
À mon cher ami Simon Jalabert.

Messieurs les juges, j’ai volé, punissez-moi.
Ne faites point fléchir les rigueurs de la loi ;
J’ai volé : je mérite une peine sévère.
Mais avant, laissez-moi vous narrer mon affaire.
Je serai bref. — Les miens ne m’ont pas fait aller
À l’école, Messieurs, pour apprendre à parler.
Ainsi, ne sachant pas habiller une phrase,
Je vous raconterai la chose sans amphase.
Bien dire étant un don, je laisse aux avocats
Le soin de me blanchir comme ils font en tels cas.
Voilà. — Depuis six mois, ma femme — cela navre —
Sur un mauvais grabat retourne son cadavre.
Mes enfants — deux jumeaux de trois ans — à grand cris
Demandent chaque jour du pain, pauvres petits !
Ah ! si vous les voyiez avec leur chevelure
Blonde comme les blés, et leur douce figure,
Et leurs yeux si profonds, si clairs — couleur d’azur —
Messieurs, vous agiriez comme moi, j’en suis sûr.
S’ils avaient entendu sortir de ces deux bouches
Si mignonnes, ce cri : Du pain ! les plus farouches